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L’impact de la crise de trois ans sur les stratégies de conduite des adultes

Logunova E.G., PhD

L’impact de la crise de trois ans sur les stratégies de conduite des adultes du point de vue de la thérapie corporelle

 Sommaire. L’article est consacré à la recherche sur la crise de trois ans, sous le jour de la théorie du développement psychomoteur de la personne, et à l’analyse de l’impact de la crise sur les stratégies de conduite des adultes.

Mots clés: thérapie corporelle, analyse bodynamique, crise d’âge, stratégies du comportement.

Traditionnellement, en parlant de la notion de la crise de trois ans, les scientifiques comprennent la crise d’âge qui se produit en passant de l’âge précoce à celui préscolaire. Cette période est caractérisée par une refonte abrupte et radicale des mécanismes de personnalité existants et par la création de nouveaux traits de la conscience et de la personnalité de l’enfant. En outre, ce temps est une transition vers un nouveau type de relation avec les autres. Les limites temporelles de cette crise ne sont pas clairement définies. Par conséquent, la « crise des trois ans » est un phénomène habituel dans le développement mental de chaque enfant, mais elle peut varier par l’intensité d’un enfant à l’autre.

La littérature scientifique a consolidé la conviction selon laquelle la crise des « trois ans » peut se manifester par des symptômes tels que le négationnisme, obstination, persévérance, caractère indiscipliné, protestation-révolte, dépréciation, volonté du despotisme. Pour la première fois, ces symptômes de crise ont été révélés et décrits par E. Keler, éducatrice et psychologue autrichienne, dans un ouvrage intitulé « La personnalité de l’enfant de 3 ans ». Dans la tradition psychologique nationale, ces symptômes sont décrits par L.S. Vygotsky [2; 3].

Il est à noter que parfois la crise de trois ans peut se dérouler sans aucune manifestation négative. Dans la crise du développement, ce qui importe, ce n’est pas la manière dont elle se déroule, mais celle à laquelle elle mène [1]. L.S. Vygotsky a écrit que les acquisitions personnelles positives des enfants à ce stade du développement sont la création d’un nouveau niveau de conscience de soi, la recherche de l’autonomie, le développement de l’activité, de la volonté, l’établissement des relations nouvelles et plus profondes avec les adultes en communication, jeu, activité cognitive et objective. Le chercheur a fait valoir que l’importance positive de cette crise d’âge était due à l’apparition de nouveaux traits de caractère de la personnalité de l’enfant. Il a été constaté qu’en cas d’une crise lente et inexpressive, l’enfant a un retard du développement des facettes affectives et de la volonté de la personnalité au cours de la période d’âge à suivre [3].

Considérons les particularités du développement moteur, mental et émotionnel d’un enfant de 2 à 4 ans, sous le jour de la théorie du développement psychomoteur. Cette théorie a été développée à l’analyse bodynamique qui, en tant qu’un domaine pertinent de la thérapie corporelle, permet de décrire le mieux les changements survenus à un enfant à cet âge. Dans le cadre de la bodynamie, on considère comme la plus principale la thèse affirmant que le moteur du développement de l’enfant est de « trouver un équilibre entre l’établissement d’un lien mutuel avec les parents et d’autres personnes importantes et préserver la dignité de soi » [4, p. 4].

En considérant l’aspect moteur du développement de l’enfant à cet âge, il est à noter que l’enfant est constamment impliqué dans le mouvement actif. Chaque action acquise au niveau physique est développée au niveau psychologique. Par exemple, entre 2 et 4 ans, un enfant a des muscles qui l’aident à courir, sauter, pousser, frapper, lancer des objets. L’enfant tente de faire toutes les actions accomplies au maximum jouissant de son pouvoir physique. En même temps, l’enfant apprend à s’escalader aux constructions hautes et à descendre de haut. De plus, les compétences de l’équilibre physique se développent, ce qui, à son tour, contribue au développement de la capacité de l’enfant d’établir de l’équilibre émotionnel. Et l’apparition chez l’enfant de la possibilité physique de changer de direction sans s’arrêter favorise la formation de l’habitude de faire le choix, d’abord physique, puis psychologique.

À cet âge, l’enfant apprend plusieurs actions compliquées au même moment. Comme c’est le cas, en particulier, lors de la conduite d’un vélo à trois roues, ce qui sous-entend la capacité de conduire et de pédaler en même temps.

Au niveau émotionnel, l’enfant entraîne le contrôle arbitraire de la force de sa voix.

Sur le plan psychologique, cette période d’âge est marquée par le fait que l’enfant se met à se rendre compte de sa propre personnalité et à faire preuve de sa propre volonté. Il a également la possibilité de réglementer ses activités. Cela se manifeste par l’apprentissage des compétences en matière de choix de la nourriture, des vêtements, des activités, etc. En plus, l’un des aspects importants de cette phase du développement est la capacité de gérer l’utilisation des toilettes de manière autonome.

Tout cela influence la capacité de faire des choix conscients et volontiers. Entre l’âge de 2 à 4 ans, on apprend à contrôler ses forces physiques et personnelles, à faire preuve de sa volonté, persévérance. Lors de cette période, l’enfant apprend à déterminer en interne quels actions et niveaux de force lui sont bons et quels sont mauvais. En explorant toutes ces facettes de sa manifestation dans le monde, l’enfant établit un nouveau niveau des relations avec toutes les personnes qui l’entourent, en particulier avec des adultes importants. En montrant sa force dans le monde, l’enfant s’oppose souvent à ses parents pour voir si les gens qu’il oppose continuent de l’aimer et de le respecter lorsqu’il fait preuve de sa force. C’est ce que l’on appelle généralement « le mauvais comportement ». Et à ce moment-là, il est important que les parents adoptent le comportement de l’enfant, qu’ils comprennent la naturalité des processus d’âge. Il est important que les parents puissent transmettre à l’enfant le message suivant: « Je peux être en colère contre tes actions et t’aimer en même temps », en montrant que ces sentiments ne sont pas mutuellement exclusifs. Par exemple, en défendant son désir d’avoir son repas préféré pour le petit déjeuner, l’enfant peut réagir violemment (être en colère) ou faire preuve de la force physique – se mettre à se battre et mordre. Le travail d’un parent est d’être en relation avec son enfant – de maintenir des limites normales dans la communication – en respectant les limites de l’enfant, en expliquant les règles de la famille. Tous les parents des enfants de cet âge sont confrontés au désir d’avoir tout « exactement comme je le veux ». La possibilité d’être en colère contre le parent pendant assez longtemps est aussi une preuve que l’enfant « entre en vigueur ». Au plus jeune âge, le sentiment de la colère chez l’enfant disparaîtrait rapidement ou se transformerait en un sentiment différent.

Un autre facteur de la « désobéissance » à cet âge est le grand « non à l’interdiction ». Connaissant les interdictions, l’enfant les enfreint. C’est par là que se manifeste la tentative de l’enfant d’affirmer son indépendance et d’élargir ses limites personnelles. Le maintien de l’équilibre émotionnel par les parents aide les enfants à développer leur capacité à maintenir leur propre équilibre émotionnel dans des situations qui évoluent soudainement. Cet équilibre est directement lié à l’équilibre physique de l’enfant, ce qui, à son tour, se transforme en un pouvoir d’insistance et correspond à la capacité physique de rester debout, même lorsque l’enfant est tiré ou poussé.

Ainsi, le principal objectif du développement moteur de l’enfant à cette période est le pouvoir de réguler arbitrairement sa force physique, de choisir sa direction, de contrôler plusieurs processus des action physiques simultanément, en augmentant le temps de la focalisation sur l’action produite. Cela facilite la maîtrise de la force d’expression de ses émotions. L’expérience du le choix de la bonne direction du mouvement acquise à cet âge a ensuite l’influence sur le déroulement des élections à chaque moment de l’activité humaine. Et – globalement – détermine la voie à suivre pour un adulte. L’objectif psychologique de l’enfant de 2 à 4 ans consiste à établir un équilibre entre la force de son action, les limites et les règles du monde qui l’entoure.

Le passage de cette période de vie par un enfant sans être touché par des manifestations négatives est possible lorsque les parents connaissent les nuances d’âge du développement moteur, les réactions émotionnelles et les principales tâches psychologiques qui forment la personnalité de l’enfant. Ainsi que le respect par les parents des caractéristiques comportementales du développement naturel de l’enfant, l’application adéquate des interdictions, l’élargissement du champ d’activité autonome de l’enfant, le maintien de son initiative personnelle, l’élargissement du spectre des actions coordonnées avec l’enfant. Il est également important que les parents apprécient les réalisations personnelles et les succès des enfants.

Les irrégularités des parents à l’égard des enfants à cet âge peuvent entraîner une aggravation de la situation psychologique de l’enfant. La création de violations potentielles résulte d’un modèle autoritaire d’interaction au sein de la famille, de la limitation de l’autonomie et de l’initiative personnelle de l’enfant, de l’application fréquente et inadéquate des interdictions et des peines. La présence de l’hypercontrôle à l’éducation, l’incohérence et l’inconsistance aux exigences à l’enfant de la part des personnes qui l’entourent contribuent également à cela.

Retournons à la théorie de l’analyse bodynamique. Si les parents ont « cassé » l’enfant, au niveau moteur, cela signifie qu’il n’ a pas eu la possibilité d’activer pleinement son mouvement musculaire. L’enfant n’a donc pas pu développer sa force physique. Ses muscles ont « cedé ». Il n’a peut-être pas de sentiment de pouvoir. Aux stratégies du comportement des adultes, cela se manifeste par l’absence d’initiatives (car il n’a pas de forces pour elles), par l’impossibilité de faire le choix de l’action, l’évaluation inadéquate de leurs propres forces lors de la planification des actions. « Un homme faible », décrit-on ces personnes.

Pour être accepté par d’autes personnes, l’enfant peut souvent renoncer à la réalisation de ses propres choix. Cela se produit en cas où, dans la famille, « l’inclusion de la force » était permise uniquement pour aider d’autres personnes. Par exemple, dans un jeu, pousser un objet de manière forte est considéré comme quelque chose de très mauvais, et aider sa mère à déplacer un objet lourd, c’est très bien. Et pour être agréable à sa mère, l’enfant peut même faire un super-effort.

Cette distorsion musculaire a pour effet de consolider la réaction selon laquelle le recours à la force est impossible ou possible uniquement pour le bien des autres.

« Tout ce que je fais n’est que pour les autres! » C’est avec ce slogan qu’un telle personne vit. Et elle ne connaît pas les limites en exerçant cette aide. L’aide peut être réalisée au dépens de sa propre santé, psychologique ou physique, car, à l’enfance, il fallait faire un super-effort pour que l’enfant soit loué. Si une telle stratégie (inconsciemment) est présente chez les professionnels de l’aide, elle entraîne souvent l’épuisement. Ces gens ne savent pas s’occuper d’eux-mêmes. Il faut donc toujours sauver quelqu’un dans le monde.

D’autres réactions peuvent également être créées. En particulier, quand l’enfant a obtenu ce qu’il voulait parce qu’il était plus fort qu’un adulte, même pour une seule seconde. Par exemple, un enfant a mordu sa mère, et après cela, sa mère s’est mise à craindre qu’il ne le morde encore et elle n’insistait plus sur le respect des règles. Ou un enfant a hurlé si fort que sa mère a eu peur. En ce moment l’enfant a senti qu’il pouvait être plus fort qu’un adulte. Ainsi, grâce à sa force, il apprend à contrôler le comportement des autres. Et à l’avenir, un tel enfant, puis un adulte, augmente sa force pour contrôler d’autres. En même temps, il condamne ceux qui ne peuvent pas « faire un effort » en quelques actions. Il ne se sent bien qu’en cas où il est le seul à être si fort dans un espace (même, par exemple, dans une famille par rapport aux enfants). La répression physique peut prendre la forme d’une répression émotionnelle ou psychologique.

Mais comme toujours, le côté négatif a aussi un côté positif. En général, ces personnes sont très efficaces. Elles essaient vraiment d’être forts dans toutes les actions qu’ils effectuent. Elles peuvent faire beaucoup de choses et aspirent à un résultat « fort ».

En résumé, la conclusion est la suivante. Au cours de la formation des mouvements motorisés qui correspondent au développement à cette période d’âge, certaines réactions musculaires sont fixées sous l’influence de l’environnement. Cela donne lieu, à son tour, à la mise en place des stratégies de conduite durables à l’âge adulte. Ces stratégies peuvent avoir un impact inconscient sur la qualité de vie de la personne en se manifestant dans la société ou dans les relations avec ses proches. La connaissance par les parents des particularités de l’âge contribue à la formation des réactions saines de l’enfant, ce qui favorise le développement d’une personne sûre de sa force et crée des conditions propices pour la formation  d’une bonne qualité de la volonté.

Bibliographie:

 

  1. Abrosimova N. Âge du caractère rebelle. À propos de la crise de 3 ans//Maman et bébé 2005.- №10.
  2. Vygotsky L.S. Questions de la psychologie d’enfant, 1997.
  3. Vygotsky L.S., Problème de l’âge//Vygotsky L.S. Oeuvres: En 6 L. L. 4. – M.: Pédagogie, 1984. – P. 244-268.
  4. Psychothérapie corporelle. Bodynamique/trad. d’angl. V.B. Berezkin-Orlov.-M.: ACT, 2010.- 409 p.

Logunova Elena Gennadievna (Kazakhstan, Almaty) est doctorante en philosophie PhD dans le domaine de la psychologie, Membre actif de l’Association européenne de psychothérapie corporelle (EABP), enseignante accréditée au niveau international à l’Institut eurasien de psychologie pratique et psychothérapie (Nur-Sultan), chef du Centre de psychologie corporelle (Almaty).

 

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